« Perpignan, une ville battue »

J’empressais le pas rue Maréchal Foch, pour éviter l’éveille des habitants nocturnes.

Les putains aux chicots sentant le pétrole et le poisson. Les crachats et regards des proxénètes à l’affut d’une grisette pommée. La vente impudente de galette et les conversations de futures voitures brûlées au centre-ville.

Proche du tribunal, il était à peine 19 h 00, quand soudain une vieille me demanda :

– Je vous salue la vilaine ! Je cherche une boutique de parapluie en soie. Voyez-vous, le mien a subi un désagrément par mégarde. C’est l’assurance qui prendra en charge la réparation de mon parapluie en soie.

Mon intuition me disait que cette mémé allait vivre longtemps tellement elle devait enquiquiner son monde.

Moi-Bonsoir madame. Voyez-vous, Perpignan est souvent giflée et battue par la tramontane et par déduction les parapluies ne nous sont d’aucune d’utilité. Bonne soirée !

Je ne pus m’empêcher de penser à madame Oreille* dans le Parapluie*

19 h 05, en balançant mon fessier comme une dinde, j’entamais la rue Mailly.

En face de moi, un garçon un peu perché et pas très net chantait un refrain

« Ah ! Qu’il fait donc bon.

Qu’il fait donc bon de cueillir la fraise ! »*

Mon subconscient me susurre : « Si c’est Randel* dans Le Vagabond*, il est censé te prendre pour Pierrette, la laitière de son époque, alors… ou tu es consentante et tu prends ton pied, ou bien, tu prends tes jambes à ton cou et tu te casses vite fait ! »

19 h 12, essoufflée, je me trouvais place de la République. Optant pour la respiration du chien, je n’ai pas hésité pour me rapprocher d’une femme à l’allure de Josiane Balasko pensant qu’elle était Boule de Suif* :

Moi- N'ayez crainte, madame. Soyez fière d’être une putain ! Faites-vous payer une fortune pas ces messieurs !

La dame : Comment osez-vous, malapprise ! Je suis fonctionnaire et je ne fais pas la pute ! Je suis l’épouse du lieutenant Sanschaise de la Police ! Je vais porter plainte contre vous !

Puis, soudainement, les sirènes des pompiers du 66* se mirent à siffler en étourdir le vol des chauves-souris du palais des rois de Majorque.

La FNAC* prenait feu. Les livres de Guy de Maupassant devinrent des cendres et ses personnages ruaient dans les villes, continuant leur histoire sans mots ni pages. La syphilis de retour à Perpignan donnait raison à le Horla* en endormissant la sénilité excusable.

Pendant ce temps, Perpignan s’assèche en espérant tous les soirs quelques baffes de la tramontane…

Fin.